mercredi 27 février 2008

Devoir de mémoire

Le projet de Nicolas Sarkozy de confier la mémoire d'un enfant juif de France victime de la Shoah à chaque écolier de CM2 semble avoir fait pschitttt ! et c’est tant mieux.
Quelle idée saugrenue, au nom d’un devoir de mémoire qui finit chez notre Président par tourner à l’obsession, d’imposer aux élèves une sorte d’identification obligatoire à un enfant assassiné.

En 2005, l’historienne Annette Wieviorka dans son livre « Auschwitz expliqué à ma fille », appelait à revoir la pédagogie de la Shoah.
Elle écrivait : « Laissons les professeurs et les élèves travailler. Laissons cette histoire vivre pour les générations qui viennent. Cessons de faire des leçons de morale ahurissantes qui nous posent, nous, adultes, comme les porteurs d’une vertu que n’avaient pas nos aïeux.
Nous nous donnons bonne conscience alors que nous devrions nous inquiéter du monde que nous avons fait et dans lequel beaucoup de jeunes vivent dans des conditions déplorables. Que signifient nos leçons sur la République, sur l’intégration, sur l’antiracisme, alors qu’ils subissent l’exclusion, les discriminations liées à leurs origines et qu’ils ont tant de mal à imaginer leur place dans la société ? ».

Ainsi, l’histoire du passé s’enseigne à l’école et pour enseigner l'histoire de la Shoah, les professeurs disposent en France d'un matériel pédagogique, historique, littéraire considérable, de films et de documentaires exceptionnels.
En revanche, le devoir de mémoire doit déboucher, doit s'ancrer dans le présent. Chacun de nous pourrait alors réellement s’interroger pour tenter d’améliorer, un peu, notre société : qu’ai-je fait, moi, aujourd’hui dans le monde où je vis pour lutter contre ce que je réprouve, pour donner l’exemple - si j’en suis capable, pour lutter tout simplement contre l’indifférence qui ronge notre pays.

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