vendredi 30 novembre 2007

Enfin du sexe !


Nus, sous la couette, nous reprenons notre respiration...

Etienne en profite pour me glisser :
- Tu devrais introduire plus de culs !
Je me redresse brusquement !
- Pardon !!!
- Oui, pour augmenter le trafic sur ton blog, tu devrais écrire des billets érotiques avec du sexe torride pour exciter tes lecteurs.
- Et mes lectrices cher Etienne, et mes lectrices, ne les néglige pas s’il te plait.
- Ok pour qui tu veux, même pour le chien de ton voisin si ça te chante mais je pense que quelques bites bien placées devraient augmenter le nombre de visites.
- Tu as sans doute raison, je connais beaucoup d’obsédés sexuels parmi mes amis, mais … je le sens pas, je me vois pas écrire « lentement il lui tapait son visage avec son gland énorme, gonflé de désir tandis que sa main, experte, lui caressait ses seins ».
- Effectivement c’est complètement nul. Avec cette prose pitoyable t’es pas près de faire bander ton public. Non, je vois plutôt un truc du genre scène de cul dans une backroom.
- Ah, je comprends, tu veux que je raconte mes souvenirs au Dépôt !
- Surtout pas ! Tu vas endormir tout le monde. Non, tu pourrais inventer, par exemple raconter ceci :
« Le sous-sol est sombre et bas de plafond. Il y a autant de monde qu’en haut. A droite, on trouve une sorte de pissotière. Sans doute, dans la nuit, des hommes viennent vider ici leur vessie pleine de bière sur d’autres hommes amateurs de golden showers. Des masses indéfinissables s’agitent mollement. Là-bas, 3 mecs se tâtent et se branlent. Je serre la main de Thibault. Il me plaque contre le mur de sorte que je ne vois rien d’autre que lui. Sa langue plonge dans ma bouche. Nos salives se mélangent. Son corps est lisse, doux, il est parfaitement imberbe. Sa main remonte sur mes cuisses, il ouvre ma braguette et sort ma bite. Aussitôt il comprend mon désir, il me suce. Il fait cela à la perfection. Il se relève, m’embrasse à nouveau. J’adore qu’on me roule un patin après m’avoir sucé, ce goût de bite par procuration ! Je commence à sentir d’autres mains sur mon corps, une sur l’épaule droite, deux sur les fesses, une sur mon crâne. Une autre encore me caresse les couilles. Je me laisse faire, je m’abandonne. Un inconnu me roule une autre pelle délirante ! Je ne suis plus qu’une bouche, j’aime le parfum de sa langue, c’est merveilleux tout a bon goût depuis que je suis descendu dans ce sous-sol. Enfin, lentement, je sens un doigt qui s’agite autour de mon cul humide, il me pénètre. Il n’y a plus de limites. Je branle, je lèche, je suce, je suis devenu sexuel… »

Les poils des cuisses d’Etienne sont comme des fils d’or, j’aime sa chair rose et dorée. Je me lasse pas de le regarder. Un rayon de soleil vient buter contre son oreille gauche qui aussitôt prend une teinte écarlate. Le cartilage est à présent rouge orangé. On dirait un morceau d'abricot. J'ai envie de le croquer, j'ai envie refaire l’amour avec lui

..............

Après de longues et douces minutes, nous reprenons (encore essoufflés) notre discussion.
- Tu vois, me dit Etienne, c’est pas très compliqué.
- Oui bien sûr mais c’est banal ton histoire, on a lu ça partout. Moi je voudrais un truc plus original.
Je me penche sur lui et je lui glisse à l’oreille : que penses-tu d’une histoire avec des animaux.
- Un truc de zoophilie, tu t’en sens capable réagit-il, un peu interloqué.
- Zoophilie, tout de suite les grands mots !
Non, je pensais plutôt à cette histoire que j’ai lue récemment : il existe une espèce de poisson originale par leur vie sexuelle : les cichlidés. Tu sais que la plupart des animaux vivant dans l'eau ont une façon de se reproduire plutôt similaire : la femelle pond les oeufs, le mâle produit son sperme, et les deux se rencontrent au gré des courants et du hasard. Mais pour les cichlidés, c'est différent. D'abord, la femelle pond ses oeufs, puis les gobe immédiatement. Elle les garde dans sa bouche jusqu'à rencontrer le mâle qui lui faut (sexy, charismatique, viril). Or, il dispose, au niveau de son sexe, de marques qui ressemblent à des oeufs. Alors, il les montre à la femelle, qui essaie de les gober. Et c'est à ce moment-là qu'il lâche son sperme dans la bouche de Madame. Tu comprends : ces poissons pratiquent une forme de sexe oral. C’est fascinant, non ?
Je pourrai raconter les ébats sexuels du poisson Bulle dans son aquarium, il serait même bisexuel, il sucerait aussi des poissons mâles … Ça c’est original !
- Non, mon pauvre Stéphan, c’est pas original et c’est surtout très chiant. Tu as raison oublie le côté porno pour ton blog. Et plonge vite sous la couette !!!
- Je pourrais au moins mettre un film de cul !
- De nous !
- Mais non des poissons !!!

jeudi 22 novembre 2007

Une théorie fumeuse


Le pavé parisien ressemble de plus en plus à un inventaire à la Prévert.
On y trouve les permanents (SDF, prostituées), les habitués (usagers des transports publics, agent de la SNCF, fonctionnaires et autres manifestants), et quelques inhabituels : les avocats, les buralistes.
L’un des mots d’ordre de cette dernière catégorie professionnelle était : « pour que vivent nos lieux de convivialité ». Pourquoi pas…

Néanmoins, quand on pense à certains débits de tabac parisiens, que tiennent René, Robert, Jean-Louis ou Marcel, avec Adolf, le berger allemand qui grogne dès qu’une personne d’origine africaine rentre, avec la carabine à plombs cachée sous le comptoir près de la caisse, avec le serveur au nez rouge qui tutoie les Maghrébins, sans oublier le patron bedonnant qui raconte des blagues homophobes tandis que sa charmante épouse tend les paquets de Marlboro sans un mot et sans un regard, la formule « lieu de convivialité » apparaît un peu excessive.

Mais là n'est pas le plus important.
En effet, comme le demandait l'un des manifestants de façon fort pertinente, les yeux embués de larmes et des sanglots dans la voix : « que vont devenir maintenant tous ces petits vieux qui viennent faire une partie de cartes en fumant des cigarettes et en buvant leur canon de rouge ou leur anisette dans les bars tabac ? ».
La réponse est évidente Monsieur le buraliste : ils vont vivre plus longtemps et c'est une catastrophe nationale !
Paradoxalement, cette loi d’interdiction de fumer dans tous les lieux publics va alourdir les comptes de la Sécurité Sociale et des caisses de retraites alors qu’elle était censée réduire les déficits grâce à la diminution du nombre des maladies liées au tabagisme.
Car, depuis des décennies, ces établissements participent activement à l’effort national pour la réduction des déficits publics.
D’abord, la taxation des cigarettes (80% par paquet) apporte des revenus considérables à l’Etat français.
Ensuite, un retraité qui passait ses journées avec trois autres compères à jouer au Bingo ou à la belotte en picolant ses verres de vin blanc et en fumant comme un pompier ses Gitane brunes attrapait en 4 ou 5 ans maximum un cancer du poumon ou une cirrhose (ou mieux, les deux) qui lui était rapidement fatal.
Ainsi, ils libéraient la table en formica pour quatre autres retraités qui eux-mêmes étaient remplacés au bout de 4 ou 5 ans, etc. Grâce aux bars-tabac, le taux de remplacement était formidable.
Que va-t-il se passer demain si ces pauvres vieux sont obligés de rester à la maison, surveillés par leur épouse qui les empêche de boire ou de fumer et qui passent leurs journées à faire les mots fléchés de Télé 7 Jours en regardant à la télévision Derrick ou les Chiffres et les Lettres. Avec un tel régime, ils peuvent franchir allègrement la barre des 85 ans (avec de graves dépressions nerveuses donc achats massifs d'anti-dépresseurs...) !

En conclusion, cette loi anti-tabac est un pur produit des bureaucrates du Ministère de la Santé et de l’intelligentsia parisienne bien pensante, dont les effets seront dramatiques.
Et l’on réalise aussi, que de vouloir abolir les régimes spéciaux des cheminots était une décision purement idéologique (libérale) dont les conséquences seront négligeables en comparaison du gouffre financier qui va s’ouvrir sous nos pieds (qui battent le pavé parisien, la boucle est bouclée).

mercredi 21 novembre 2007

Avis de recherche


Depuis une semaine, dans les rues de Paris, on marche, on pédale, on proteste mais curieusement mon oreille gauche n’entend rien.
Il règne un silence assourdissant que ni les retraites, ni les franchises médicales, ni les propositions de la Commission ultra-libérale dirigée par Attali, ni les déductions fiscales … ne viennent rompre.
A gauche tout est tristement atone.

La LCR ? La dernière fois qu’Olivier Besancenot a été aperçu, il paradait sur Canal +, à coté de Lambert Wilson dans l’émission de Thierry Ardisson pour présenter/vendre son bouquin sur Che Guevara, pensant sans doute faire œuvre révolutionnaire. Sa soif d’exister le disqualifie d’entrée.
Lutte ouvrière ? Ils sont bien trop occupés dans leurs roulottes au fond des bois à se trouver des surnoms de guerre pour s’intéresser à notre quotidien.
Le Parti Communiste ? On ne va pas encore tirer sur le corbillard l'ambulance.

Et le Parti Socialiste ?
Pourquoi ne dit-il rien alors que la droite lui ouvre des boulevards de contestations ?
A quel moment les dirigeants du PS vont-ils enfin arrêter de se regarder le nombril, d’analyser leurs sautes d’humeurs ou d’écrire des livres pour dénoncer leurs camarades ?

Certes les parutions de cet automne donnent une réjouissante liste d’ouvrages aux titres ravageurs : Table rase, comment sauver la Gauche – La Gauche la plus bête du Monde – Gauche, le Big Bang – l’Impasse – Le Grand Cadavre à la Renverse – La Défaite en chantant – Règlements de Comptes – Rénover le Parti Socialiste, un Défi impossible ? …

Cette longue litanie est révélatrice du malaise, de l’impossibilité pour le PS de répondre aux grandes questions nécessaires à son renouveau, à repenser à sa place, son rôle dans notre société.

Et voilà comment trois défaites aux présidentielles, plus des difficultés évidentes à regagner le pouvoir, à être majoritaire dans ce pays, donnent ces nombreux ouvrages qui soulignent les doutes, les interrogations, les règlements de compte mais hélas sans aucune solution pour sortir de cette impasse.
D’où ce constat amer mais évident : actuellement il y a un vide de la pensée à gauche.
Depuis la chute de l’idéologie communiste, la fin des horreurs qu’elle a engendrée, la révélation pour certains de son échec complet, absolu, définitif, on a le sentiment qu’il y a eu un abandon de la volonté de bâtir une nouvelle doctrine par peur d’enfanter un autre monstre.
Une doctrine ? Une vision du monde, de la société, un système cohérent de valeurs, un ensemble d’orientations qui puissent guider l’action à moyen terme.

Depuis 1981, c’est-à-dire depuis que le PS a gagné simultanément le pouvoir exécutif et législatif, ce parti est entré dans une idéologie, dans une culture ministérielle qui lui impose un système de pensée : chaque dirigeant socialiste est à présent un ministre en devenir. Ainsi, il ne raisonne plus que dans des cadres fermés, étroits, conventionnels avec un œil rivé sur les courbes des sondages.

A l’opposé, la droite s’est décomplexée elle assume à présent sa rénovation idéologique. Sarkozy, n’a pas gagné l’élection présidentielle sur des propositions concrètes, mais parce qu’il a donné une représentation de la société et une vision du chemin qu’il voulait emprunter pour y parvenir.
Or, c’est justement cette capacité à donner du sens à l’action que les gens ne retrouvent pas à gauche et plus particulièrement au PS.

Plus de vision d’avenir, plus de projet, simplement des querelles de personnes, des pinaillages sur des détails, pièges évidents que lui tend le gouvernement et dans lesquels il s’engouffre sans réfléchir, tête baissée. Par exemple, lors de la énième loi sur l’immigration, le PS (à juste titre) a protesté contre l’amendement Mariani mais pourquoi n’a-t-il pas dénoncé cette loi dans son ensemble, pourquoi n’a-t-il rien dit des principes scandaleux qu’elle instaure par ailleurs. Non, la droite, avec les tests ADN, lui a donné un os a rongé, le parti socialiste s’est jeté dessus comme prévu et il a laissé passer tout le reste.

Pourtant il est urgent d’affirmer certaines valeurs pour que ce parti puisse se libérer des carcans qui oppressent sa réflexion. Par exemple, les socialistes ont majoritairement accepté un compromis général avec l’économie de marché, mais certains le vivent encore honteusement comme une trahison identitaire, d’où des rechutes à intervalles réguliers avec des propositions démagogiques, aberrantes, des combats rhétoriques sans intérêts qui perturbent ou ennuient l’électeur lambda. (cf. Fabius, Emmanuelli). Pour reprendre la terminologie de Laurent Baumel, c’est le drame du « surmoi-marxiste ».
Ce combat d’arrière-garde pour savoir qui sera le plus à gauche empêche d’avancer de regarder la société française contemporaine. Ainsi on ne dit rien sur les véritables enjeux que sont effectivement les réformes des retraites, la protection sociale ou plus simplement quel regard porter sur l’homoparentalité, la dépénalisation des drogues … (quelqu’un dans la salle connaît-il les projets du PS sur ces thèmes ? ).

Pire, on ne réfléchit plus, tous les efforts intellectuels (? ) sont tournés vers un seul objectif : « l’obsession présidentielle ».
Depuis François Mitterrand, les dirigeants du PS ont le sentiment qu’être Président de la République confère une essence supérieure, une aura divine. Ce qui conduit à l’inévitable question du leadership, entraînant des batailles de personnes et non plus d’idées. C’est une guerre de succession perpétuelle entre ego surdimensionnés. Et le développement de toute idéologie cohérente devient subordonné aux affrontements des personnes. Tout est tactique. Les prises de positions ne sont plus proposées pour elles-mêmes, mais parce qu’elles permettent de faire avancer sa personne (ou d’en faire reculer d’autres) dans la bataille pour la première place.
L’une des conséquences majeures est que ce parti devient un parti de barons, repliés sur le local, sur quelques mairies et autres Présidences de Conseils régionaux ou généraux. C’est le pouvoir pour le pouvoir.
En outre, puisqu’on baisse les bras, puisqu’on imagine qu’il n’est plus possible de transformer la société dans son ensemble, alors chacun, dans son coin, essaye modestement de transformer la société au quotidien, sur un plan local, à coup de Vélib’, de Paris Plage et de couloirs de bus, plutôt que de s’épuiser dans des joutes doctrinales qui dessineraient enfin un « avenir de gauche ».

Aujourd’hui, la gauche n’a plus de valeurs, plus d’orientations à moyen ou long terme. Elle ne pose aucun jalon pour mieux appréhender une conjoncture qui par définition varie. Nous avons affaire à un parti girouette qui change ses orientations à chaque coup de vent.
Le PS ne rebondit pas, il n’invente pas, il suit, il encaisse sans réagir.

Et grâce à cette absence complète de réactions de la part de l’opposition, le Chef de l’Etat a tout le temps, alors que la France se débat dans un conflit social majeur, de se mobiliser pour organiser les successions à la tête du Figaro et des Echos.

Et ceci est impardonnable.

samedi 17 novembre 2007

In Vino Veritas


Vautré sur mon lit, j’ai la vague impression qu’un liquide me coule sur le corps…
- « Ah s’il te plait Gabriel, mon ange, arrête de me vomir dessus, ce qui sort de tes entrailles est tellement rouge, j’ai l’impression que tu pisses du sang par la bouche. Pourquoi ne prends-tu pas les capotes usagées qui sont par terre et tu gerbes dedans. Cela limitera les dégâts. Et après, tu fais un joli nœud. »

C’était il y a 24H et depuis j’ai, bien sur, jeté les draps, le garçon et les préservatifs usagés noués.
J’ai pris une douche également.

Il est vrai que nous avons un peu forcé sur le Beaujolais nouveau. Les 23 premiers verres, ok, on encaisse, mais les 39 suivants furent ravageurs. C’est étrange ce besoin presque compulsif de vouloir boire à tout prix. Nous étions comme frappés de potomanie ou plutôt, je le crains, de dipsomanie.
Et quand je contemple l’état de mon appartement et de nos corps, je regrette que nous ne fûmes point abstèmes, sans aller néanmoins jusqu’à l’abstinence.

Et Gabriel qui ne cessait de bafouiller ce leitmotiv : « s’il te plait, dessine-moi un Mouton-Rotschild ».
À défaut d’être parfaite, cette pseudo citation me rappela cette saillie de Marc Twain qui déclarait que « le vin allemand se distingue du vinaigre grâce à l’étiquette ».
Pourtant c’est un Allemand, Martin Luther, qui avait affirmé « celui qui n’aime ni le vin ni les femmes ni les chansons restera un idiot toute sa vie ». Marcel Aymé est du même avis qui écrit « on peut ne pas aimer les carottes, les salsifis, la peau du lait cuit, mais le vin, autant voudrait-on détester l’air qu’on respire puisque l’un et l’autre sont également indispensables ». Et puis Beaudelaire, bien entendu, « si le vin disparaissait de la production humaine, il se ferait dans la santé et dans l’intelligence un vide, une absence plus affreuse que tous les excès dont on le rend coupable ». Sans oublier Alfred de Musset qui déclamait « aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse? Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ». « Le vin c’est la lumière du soleil captive dans l’eau » selon Galilée et le Professeur Louis Pasteur expliquait qu’un « repas sans vin est un jour sans soleil ». Pour Rabelais, « l’appétit vient en mangeant, la soif disparaît en buvant ». Ou Voltaire plus philosophe que jamais : « je ne connais de sérieux ici-bas que la culture de la vigne ».
Et tandis que Gabriel, telle une limace baveuse tentait vainement de ramper vers les toilettes, je me dis que finalement, c’est Rousseau qui a tout compris lorsqu’il déclare : " L'excès du vin dégrade l'homme, aliène au moins sa raison pour un temps, et l'abrutit à la longue. Mais enfin le goût du vin n'est pas un crime ; il en fait rarement commettre ; il rend l'homme stupide et non pas méchant ".

Ce fut ma dernière vision de cette rude soirée. Toutes ces citations s’agitant dans ma tête relançaient mon mal de crâne et je ne voulais qu’une seule chose à présent : replonger dans mon coma éthylique pour oublier que la terre tourne.

Oh, comme j’aimerais être déjà le 1er Janvier 2008, j’ai tant besoin de bonnes résolutions…

dimanche 11 novembre 2007

Pourquoi Karl Marx ne souriait jamais


Je ne voudrais pas ternir la joyeuse ambiance qui règne sur ce blog depuis quelques billets, mais je vous rappelle que cette semaine nous affrontons la seconde grève de l’automne dans les transports terrestres, ferroviaires, aériens à laquelle s’ajouteront des arrêts de travail dans les administrations et autres Entreprises publiques.

Or, en feuilletant les pages du South China Morning Post (via Internet bien sûr) je lis que le personnel naviguant de la compagnie Cathay Pacific est mécontent.
Ciel !
Jusque-là rien que de très normal car il semble être dans la nature de cette catégorie de personnel d’éprouver régulièrement toutes sortes de mécontentements.
Cependant, nous savons bien, hélas, que ces grèves ne parviennent que rarement à convaincre le personnel dirigeant de ces entreprises de la pertinence des revendications.
C’est pourquoi les hôtesses, stewards et pilotes de la Cathay Pacific ont récemment renoncé à se croiser les bras pour réclamer des augmentations de salaire.
Ils ont eu une autre idée, forte ingénieuse : ils ont décidé unilatéralement de cesser de sourire aux passagers sur toute la durée des vols. Une sorte de grève de la courtoisie. Si j’étais trivial, j’oserais même écrire qu’ils ont déposé un préavis de "je fais la gueule et je t’emmerde connard".
Toujours d’après, le grand quotidien de Hong Kong, cet avertissement de "vilaine tronche" a été parfaitement compris par les hautes instances de la compagnie, lesquelles ont fait en sorte de rapidement soulager les zygomatiques en grève du personnel naviguant en accédant à leurs demandes.

Du coup, je m’interroge sur le faciès peu aimable que laisse souvent entrevoir chez nous l’homme ou la femme assis derrière le guichet ou l’hygiaphone de certaines administrations.
En effet, en France, jusqu’à présent, on considérait que le personnel était en grève quand il n’était pas là. Mais en réalité, c’est peut-être quand il est présent qu’il est en grève.

Je réalise que cette révélation politique et sociale est d’une importance majeure !
En effet, cela signifie que le visage que m’offre régulièrement le contrôleur de la RATP, la guichetière de La Poste ou le conseiller clientèle d’EDF/GDF, cette attitude acerbe, fatiguée, aigre, amère, réfrigérante, bourrue, odieuse impolie, brusque, revêche, déplaisante, agacée, désobligeante, grossière, hostile, inamicale, antipathique, intraitable, rebutante, maussade voire rude n’est finalement pas dans sa vraie nature, c’est un combat, une révolte, un cri de haine, bref, un mouvement révolutionnaire. Il s’agit d’un acte courageux et subversif, d’une réelle manifestation incarnée (au sens premier du terme) pour dénoncer les méfaits du capitalisme, d’une lutte quotidienne contre l’oppression du patronat, pour la défense des droits de la classe ouvrière face à la bourgeoisie détentrice des moyens de production.

Et, naturellement, je reviens sur cette photo que je vous ai déjà présentée : si vous la regardez attentivement, vous constaterez qu’exceptée Laurence Parisot (la représentante du patronat et du grand capital qui esquisse un vague sourire) les trois hommes de la CGT, de FO et de la CFDT sont manifestement engagés dans un mouvement de grève extrêmement bien suivi et forcément reconductible…

Aussi, lecteur, lectrice, travailleur, travailleuse je vous propose dorénavant lorsque que vous vous adresserez aux camarades fonctionnaires et apparentés de leur faire systématiquement la gueule et d’être particulièrement désagréable afin de marquer votre solidarité pleine et entière avec leurs légitimes revendications.

Reste une interrogation à laquelle je n'ai pas la réponse : pourquoi les CRS ne chargent-ils pas les manifestants en hurlant de rire ?
Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne...

mardi 6 novembre 2007

Errance et déchéance


Ces derniers temps, on me reproche mon absence sur ces pages.
On a sans doute raison, mais "tout ne fut pas si facile".

Depuis 15 jours, je suis tel un personnage de la Recherche du Temps Perdu qui n’aurait pas connu « le temps retrouvé ». J’ai intégré la race des héros négatifs, d’athlètes du rien, poursuivant inlassablement mon voyage au bout de la nuit et de l’ennui, l’ennui ce mal du siècle.

Au début, sous héroïne, il me semblait pourtant que tout ce que je faisais avec ma troupe de filles et de garçons, était innocent et plein d’amour.
Comme ce soir là où Henri a cassé les pattes avant de cette charmante chèvre afin de mieux la sodomiser, elle, immobile, son cul en l’air pour toujours.
Durant ces jours, j’avais en général de la cocaïne sur mes tee-shirts quand je sortais des toilettes. Je l’époussetais (négligemment ?) pour la faire tomber sur les sols carrelés, humides et poisseux d’urine.
Un trait par-ci, un rail par-là, des poutres de coke partout, nous tracions notre bonheur à coups d'American Express.
Mais, lentement, l’angoisse, insidieuse, m’a perforé le cerveau, la peur de manquer me terrifiait. Comme ce jour, lundi ou mardi dernier, je crois, lorsque mon dealer fut abattu à coups de cric sur les Champs-Élysées, je me suis enfermé dans mon appart, persuadé que le pommeau de douche, tel le boa constrictor, tentait de m’étrangler. Heureusement, Eléonore, m’a ramené à la vie avec une pipe et une mega ligne de poudre blanche.
Alors mon seul objectif fut de trouver, de prendre et d’abuser de la drogue. Comme j’avais un peu de mal à me déplacer, j’ai loué chez Avis une chaise roulante pilotée par une hôtesse de l’air. La vie, un court instant est devenue plus facile. D’autant qu’une vieille copine m’assurait qu’il suffisait d’une semaine pour décrocher de toutes ces dopes.
En attendant ce moment, enfin mobile, je pouvais aller d’afters en afters où les seules boissons chaudes étaient la vodka oubliée sur la terrasse d''Anastasia.
Dans le 94, nous avons descendu 23 51.
Dans le 75, Christina s’est taillée les narines avec le cutter de Paul pour les agrandir afin d’y introduire des pailles plus grosses et ainsi engloutir à chaque snif l’équivalent d’1 G.
Manger était facile : on se ruait dans des Mac Do, on s’empiffrait de Big, de Cheese, de Nuggets… qu’on gerbait aussitôt sur le trottoir.
Un soir, non un matin, enfin à un moment, dans l’appart de l’inconnu croisé à Barbès, Brett se faisait lécher par un alligator dans la baignoire tandis que Nathanaël versait de la tequila sur les blessures que lui infligeait l’animal.
Les sachets plastiques s’envolaient, les lignes s’effaçaient, nos rires décuplaient.
Bien sûr mon téléphone sonnait, mais plus rien n’avait d’importance, seuls les speedballs, la cocaïne et les buvards Daffy Duck avaient un sens pour moi.
C’étaient les seuls trucs qui me faisaient vraiment ressentir quelque chose. Sans oublier les deux ou trois bisexuels qui m’accompagnaient, portant des serviettes en papier afin de m’éponger le front.
J’errai de bars en bars, de clubs en clubs, de soirées en soirées, de caniveaux en caniveaux.
La nuit était blanche, mes narines étaient blanches, mon avenir était sombre.
La cocaïne me détruisait la paroi nasale, et j’ai sérieusement pensé que la seule solution serait de ne faire que du free base mais avec deux litres de vodka par jour, cela me paraissait un but un peu flou et hors d’atteinte.
L’argent, plus précisément son absence est vite devenu un problème alors j’ai commencé à traîner avec des partouzeurs et des vendeurs d’armes.
Ma chambre puait l’herbe et l’ammoniaque.
J’ai compris qu’il était temps de limiter les dégâts, de faire une pause, de ranger les billets de 50 roulés en paille, je devais exiger un peu plus de moi-même.
Et surtout j’ai compris que personne d’autre que moi ne voulait de moi.
La ville s’effondrait, le noir recouvrait la terre, les moments de peur étaient si intenses que nous enviions les morts.
Nous avions perdu notre capacité d’aimer.
Quand un matin, en s’extirpant d’une pissotière, avec mes amis, nous avons pleuré. Et ces larmes qui roulaient ont tout effacé ; nous avons compris, soulagés, qu’un autre avenir était possible.

Crois moi, lecteur, en dépit de l’horreur que semble revêtir les événements décrits dans ce billet d’excuse, tout a réellement eu lieu, chaque mot est vrai. La preuve, c’est mon esprit qui les a enfantés.

Voilà pourquoi, j’ai dû renoncer à écrire pour quelque temps.