dimanche 11 novembre 2007

Pourquoi Karl Marx ne souriait jamais


Je ne voudrais pas ternir la joyeuse ambiance qui règne sur ce blog depuis quelques billets, mais je vous rappelle que cette semaine nous affrontons la seconde grève de l’automne dans les transports terrestres, ferroviaires, aériens à laquelle s’ajouteront des arrêts de travail dans les administrations et autres Entreprises publiques.

Or, en feuilletant les pages du South China Morning Post (via Internet bien sûr) je lis que le personnel naviguant de la compagnie Cathay Pacific est mécontent.
Ciel !
Jusque-là rien que de très normal car il semble être dans la nature de cette catégorie de personnel d’éprouver régulièrement toutes sortes de mécontentements.
Cependant, nous savons bien, hélas, que ces grèves ne parviennent que rarement à convaincre le personnel dirigeant de ces entreprises de la pertinence des revendications.
C’est pourquoi les hôtesses, stewards et pilotes de la Cathay Pacific ont récemment renoncé à se croiser les bras pour réclamer des augmentations de salaire.
Ils ont eu une autre idée, forte ingénieuse : ils ont décidé unilatéralement de cesser de sourire aux passagers sur toute la durée des vols. Une sorte de grève de la courtoisie. Si j’étais trivial, j’oserais même écrire qu’ils ont déposé un préavis de "je fais la gueule et je t’emmerde connard".
Toujours d’après, le grand quotidien de Hong Kong, cet avertissement de "vilaine tronche" a été parfaitement compris par les hautes instances de la compagnie, lesquelles ont fait en sorte de rapidement soulager les zygomatiques en grève du personnel naviguant en accédant à leurs demandes.

Du coup, je m’interroge sur le faciès peu aimable que laisse souvent entrevoir chez nous l’homme ou la femme assis derrière le guichet ou l’hygiaphone de certaines administrations.
En effet, en France, jusqu’à présent, on considérait que le personnel était en grève quand il n’était pas là. Mais en réalité, c’est peut-être quand il est présent qu’il est en grève.

Je réalise que cette révélation politique et sociale est d’une importance majeure !
En effet, cela signifie que le visage que m’offre régulièrement le contrôleur de la RATP, la guichetière de La Poste ou le conseiller clientèle d’EDF/GDF, cette attitude acerbe, fatiguée, aigre, amère, réfrigérante, bourrue, odieuse impolie, brusque, revêche, déplaisante, agacée, désobligeante, grossière, hostile, inamicale, antipathique, intraitable, rebutante, maussade voire rude n’est finalement pas dans sa vraie nature, c’est un combat, une révolte, un cri de haine, bref, un mouvement révolutionnaire. Il s’agit d’un acte courageux et subversif, d’une réelle manifestation incarnée (au sens premier du terme) pour dénoncer les méfaits du capitalisme, d’une lutte quotidienne contre l’oppression du patronat, pour la défense des droits de la classe ouvrière face à la bourgeoisie détentrice des moyens de production.

Et, naturellement, je reviens sur cette photo que je vous ai déjà présentée : si vous la regardez attentivement, vous constaterez qu’exceptée Laurence Parisot (la représentante du patronat et du grand capital qui esquisse un vague sourire) les trois hommes de la CGT, de FO et de la CFDT sont manifestement engagés dans un mouvement de grève extrêmement bien suivi et forcément reconductible…

Aussi, lecteur, lectrice, travailleur, travailleuse je vous propose dorénavant lorsque que vous vous adresserez aux camarades fonctionnaires et apparentés de leur faire systématiquement la gueule et d’être particulièrement désagréable afin de marquer votre solidarité pleine et entière avec leurs légitimes revendications.

Reste une interrogation à laquelle je n'ai pas la réponse : pourquoi les CRS ne chargent-ils pas les manifestants en hurlant de rire ?
Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Parceque eux, ils n'ont pas le droit de faire grève... ^_^

voir ici