jeudi 22 novembre 2007

Une théorie fumeuse


Le pavé parisien ressemble de plus en plus à un inventaire à la Prévert.
On y trouve les permanents (SDF, prostituées), les habitués (usagers des transports publics, agent de la SNCF, fonctionnaires et autres manifestants), et quelques inhabituels : les avocats, les buralistes.
L’un des mots d’ordre de cette dernière catégorie professionnelle était : « pour que vivent nos lieux de convivialité ». Pourquoi pas…

Néanmoins, quand on pense à certains débits de tabac parisiens, que tiennent René, Robert, Jean-Louis ou Marcel, avec Adolf, le berger allemand qui grogne dès qu’une personne d’origine africaine rentre, avec la carabine à plombs cachée sous le comptoir près de la caisse, avec le serveur au nez rouge qui tutoie les Maghrébins, sans oublier le patron bedonnant qui raconte des blagues homophobes tandis que sa charmante épouse tend les paquets de Marlboro sans un mot et sans un regard, la formule « lieu de convivialité » apparaît un peu excessive.

Mais là n'est pas le plus important.
En effet, comme le demandait l'un des manifestants de façon fort pertinente, les yeux embués de larmes et des sanglots dans la voix : « que vont devenir maintenant tous ces petits vieux qui viennent faire une partie de cartes en fumant des cigarettes et en buvant leur canon de rouge ou leur anisette dans les bars tabac ? ».
La réponse est évidente Monsieur le buraliste : ils vont vivre plus longtemps et c'est une catastrophe nationale !
Paradoxalement, cette loi d’interdiction de fumer dans tous les lieux publics va alourdir les comptes de la Sécurité Sociale et des caisses de retraites alors qu’elle était censée réduire les déficits grâce à la diminution du nombre des maladies liées au tabagisme.
Car, depuis des décennies, ces établissements participent activement à l’effort national pour la réduction des déficits publics.
D’abord, la taxation des cigarettes (80% par paquet) apporte des revenus considérables à l’Etat français.
Ensuite, un retraité qui passait ses journées avec trois autres compères à jouer au Bingo ou à la belotte en picolant ses verres de vin blanc et en fumant comme un pompier ses Gitane brunes attrapait en 4 ou 5 ans maximum un cancer du poumon ou une cirrhose (ou mieux, les deux) qui lui était rapidement fatal.
Ainsi, ils libéraient la table en formica pour quatre autres retraités qui eux-mêmes étaient remplacés au bout de 4 ou 5 ans, etc. Grâce aux bars-tabac, le taux de remplacement était formidable.
Que va-t-il se passer demain si ces pauvres vieux sont obligés de rester à la maison, surveillés par leur épouse qui les empêche de boire ou de fumer et qui passent leurs journées à faire les mots fléchés de Télé 7 Jours en regardant à la télévision Derrick ou les Chiffres et les Lettres. Avec un tel régime, ils peuvent franchir allègrement la barre des 85 ans (avec de graves dépressions nerveuses donc achats massifs d'anti-dépresseurs...) !

En conclusion, cette loi anti-tabac est un pur produit des bureaucrates du Ministère de la Santé et de l’intelligentsia parisienne bien pensante, dont les effets seront dramatiques.
Et l’on réalise aussi, que de vouloir abolir les régimes spéciaux des cheminots était une décision purement idéologique (libérale) dont les conséquences seront négligeables en comparaison du gouffre financier qui va s’ouvrir sous nos pieds (qui battent le pavé parisien, la boucle est bouclée).

1 commentaire:

Amanda D-lire a dit…

j'aime beaucoup ce que vous faites...