samedi 17 novembre 2007

In Vino Veritas


Vautré sur mon lit, j’ai la vague impression qu’un liquide me coule sur le corps…
- « Ah s’il te plait Gabriel, mon ange, arrête de me vomir dessus, ce qui sort de tes entrailles est tellement rouge, j’ai l’impression que tu pisses du sang par la bouche. Pourquoi ne prends-tu pas les capotes usagées qui sont par terre et tu gerbes dedans. Cela limitera les dégâts. Et après, tu fais un joli nœud. »

C’était il y a 24H et depuis j’ai, bien sur, jeté les draps, le garçon et les préservatifs usagés noués.
J’ai pris une douche également.

Il est vrai que nous avons un peu forcé sur le Beaujolais nouveau. Les 23 premiers verres, ok, on encaisse, mais les 39 suivants furent ravageurs. C’est étrange ce besoin presque compulsif de vouloir boire à tout prix. Nous étions comme frappés de potomanie ou plutôt, je le crains, de dipsomanie.
Et quand je contemple l’état de mon appartement et de nos corps, je regrette que nous ne fûmes point abstèmes, sans aller néanmoins jusqu’à l’abstinence.

Et Gabriel qui ne cessait de bafouiller ce leitmotiv : « s’il te plait, dessine-moi un Mouton-Rotschild ».
À défaut d’être parfaite, cette pseudo citation me rappela cette saillie de Marc Twain qui déclarait que « le vin allemand se distingue du vinaigre grâce à l’étiquette ».
Pourtant c’est un Allemand, Martin Luther, qui avait affirmé « celui qui n’aime ni le vin ni les femmes ni les chansons restera un idiot toute sa vie ». Marcel Aymé est du même avis qui écrit « on peut ne pas aimer les carottes, les salsifis, la peau du lait cuit, mais le vin, autant voudrait-on détester l’air qu’on respire puisque l’un et l’autre sont également indispensables ». Et puis Beaudelaire, bien entendu, « si le vin disparaissait de la production humaine, il se ferait dans la santé et dans l’intelligence un vide, une absence plus affreuse que tous les excès dont on le rend coupable ». Sans oublier Alfred de Musset qui déclamait « aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse? Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ». « Le vin c’est la lumière du soleil captive dans l’eau » selon Galilée et le Professeur Louis Pasteur expliquait qu’un « repas sans vin est un jour sans soleil ». Pour Rabelais, « l’appétit vient en mangeant, la soif disparaît en buvant ». Ou Voltaire plus philosophe que jamais : « je ne connais de sérieux ici-bas que la culture de la vigne ».
Et tandis que Gabriel, telle une limace baveuse tentait vainement de ramper vers les toilettes, je me dis que finalement, c’est Rousseau qui a tout compris lorsqu’il déclare : " L'excès du vin dégrade l'homme, aliène au moins sa raison pour un temps, et l'abrutit à la longue. Mais enfin le goût du vin n'est pas un crime ; il en fait rarement commettre ; il rend l'homme stupide et non pas méchant ".

Ce fut ma dernière vision de cette rude soirée. Toutes ces citations s’agitant dans ma tête relançaient mon mal de crâne et je ne voulais qu’une seule chose à présent : replonger dans mon coma éthylique pour oublier que la terre tourne.

Oh, comme j’aimerais être déjà le 1er Janvier 2008, j’ai tant besoin de bonnes résolutions…

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