jeudi 27 décembre 2007

Un gène qui gêne


Cette quête tourne pour certains à l’obsession : naît-on ou devient-on homosexuel, éternel débat entre l’inné et l’acquis, le naturel et le culturel.
Et voilà comment un groupe de chercheurs suisses annonce la semaine dernière avoir découvert le gène de l'homosexualité chez la drosophile (ces informations ont d’ailleurs été aussitôt transmises à leurs collègues linguistes de l’Université de Lausanne afin qu’ils révisent le sens de l’expression « enculer les mouches »).
Ce n'est malheureusement pas la première fois qu'on rend sodomites ces pauvres bêtes, une équipe américaine étant parvenue au même résultat en 2003.
Il y a 4 ans, pour leurs expériences, les chercheurs avaient introduit un gène mutant, au sein d'un groupe particulier de neurones de la drosophile. Et quand les jeunes mâles mutants ont été placés sous des températures plus chaudes, ils ont soudainement commencé à s'intéresser aux autres mâles, expliquait le responsable de l'équipe, le Pr. Kitamoto Toshihiro.
Je me souviens qu’à l’époque, intéressé par ces expériences, j’avais soumis certains de mes amis hétérosexuels à de très fortes chaleurs en les introduisant dans un four mais les résultats avaient été très décevants et bien vite j’avais retrouvé ma ligne (!) de conduite habituelle, celle dite du verre d’alcool bien tassé (extrêmement plus efficace mais cela fera l’objet d’une autre chronique).
En réalité, il faut quand même toute la connerie mauvaise foi du monde pour voir là-dedans un gène de l'homosexualité transposable à l'homme et vouloir expliquer la sexualité humaine via la sexualité des mouches.
Cette dernière est un mécanisme basé sur l’odorat (une forme de réflexe). C'est tout ce qu'il y a de plus primitif et ça doit à peine mettre en jeu quelques milliers de neurones.
Chez l’être humain, c est un mécanisme hautement intellectualisé (oui je sais, je nous flatte !). La vue est bien plus prédominante que l'odorat, le comportement est largement modulé par la volonté et la conscience, c'est un mécanisme supérieur qui met en jeu les zones les plus complexes du cerveau humain, probablement plusieurs milliards de neurones.
Ainsi, je ne pense pas que l'homme identifie ses partenaires à l'odorat (ou si cela arrive il repart généralement en courant), ni que les homosexuels préfèrent les partenaires du même sexe parce qu'ils sont incapables de les différencier des partenaires du sexe opposé...
Au contraire, je peux vous assurer que je sais très bien différencier un homme d'une femme, c'est même ce qui me permet d'affirmer sans l'ombre d'une hésitation lequel je préfère !

Mais retournons chez nos voisins suisses. Qu’ont-ils découvert ?
Nos Docteurs Folamours ont modifié le taux de glutamate de mouches drosophiles et ont observé avec stupeur l'apparition de parades homosexuelles parmi les insectes. Notons en passant qu’il s’agit du même glutamate entrant dans la composition de nombreux plats chinois et que si ces derniers étaient tous homos, jamais la population de ce pays atteindrait 1 400 000 000 d’habitants.
Alors, posons nous la question : à quoi servent ces énièmes recherches, quel est leur but ?
Eradiquer les homos en pratiquant des tests génétiques sur les embryons ?
Les "soigner" par la suite grâce à une thérapie génique adaptée ?


Pendant ce temps, en France, de nombreux médecins s’énervent et dénoncent l’annonce faite par la Ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, de la suspension de l’interdiction pour les homosexuels de donner leur sang.
Ainsi, selon le Professeur Gilles Brücker, Directeur Général de l’Institut national de veille sanitaire (INVS), « si l’on arrête d’exclure les homosexuels du don de sang, on double le risque d’avoir un échantillon contaminé dans la filière de la transfusion ».
De fait, ce refus de don de sang aux homos n'est plus justifié par grand chose. Il l'était sans doute dans les années 80. Mais aujourd'hui, les 2/3 des contaminations HIV se passent entre hétéros.

Et je crains que cette interdiction ne cache juste, au fin fond du cerveau de quelques médecins et décideurs politiques, l'équation homo=SIDA (ou sa variante homo=danger).
Tout comme dans le cerveau des chercheurs helvètes de cette étude sur les drosophiles se cache probablement l'équation homo=maladie.

Pourquoi tous ces scientifiques ne se mettent-ils pas plutôt en quête du gène de l’homophobie ?
Cela apaiserait peut-être les relations sociales, empêchant par exemple les trop nombreux meurtres d’hommes et de femmes uniquement en raison de leurs orientations sexuelles (comme ce dernier assassinat où le meurtrier supposé d'un homo se défend en expliquant que sa victime lui avait fait des avances).
Cela calmerait peut être les membres du Bureau de Vérification de la Publicité qui viennent de censurer une campagne de prévention contre le SIDA, jugeant l'affiche où 2 garçons s'enlacent trop explicite.


Cela permettrait, peut-être, à Medhi, un jeune gay iranien, de ne plus craindre pour sa vie.
Cela amènerait, peut-être, le taux de suicide (et de tentative) chez les adolescents homosexuels ou bisexuels (qui est entre 6 et 14 fois supérieure à celle de la population hétérosexuelle d’une même classe d’âge) à diminuer enfin.

Parfois, un peu lassé par ces violences morales ou physiques, allongé sur mon canapé, je ferme les yeux et je rêve quelques instants.
Je me glisse dans la peau d’un hétéro juste pour savoir ce que ça fait de vivre dans une société qui ne me répète pas tous les jours que j'ai une maladie génétique, que ma sexualité offense la société et qu'elle est comparable à celle des mouches, que mon sang est trop dangereux pour être transfusé à autrui, que je risque la mort à draguer un inconnu, que l'humanité risque de s'effondrer si je me marie, ou que mes enfants souffriront de graves désordres psychologiques.

Puis j’ouvre les yeux, je redeviens moi-même et je prends mon stylo pour écrire ces quelques mots :
« Aimer quelqu'un, fille ou garçon,
C'est aimer de toute façon !
Alors pourquoi amour et homosexualité
Sont-ils considérés comme des pêchés ? »

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bien ton article !
Bon courage, de toute façon c'est à la société d'avancer et non à toi.
Nous sommes dans un monde où il faut se cacher derrière le mot "société"...
Bon je ne vais pas être trop longue, quand je commence je finis plus.
Bisous

Anonyme a dit…

Voilà je te laisse mon skyblog, laisse moi un message si tu veux, on en parlera.
Ps: je suis hétéro donc ne t'inquiète pas, ce n'est pas pour te draguer lol :d
Au fait,c'est moi qui ait laissé le précédent commentaire.