mardi 25 décembre 2007

Visite guidée


Le 25 décembre (Joyeux Noël !!!) s’achève enfin.
Déjà il faut songer à organiser le Nouvel an, puis ce sera mon anniversaire, Pâques et ses cloches en chocolat et l’été avec sa canicule meutrière.
On pourrait me reprocher de faire défiler le temps à la vitesse d’un hors-bord mais c’est justement de bateaux dont je veux vous entretenir ce soir et plus précisément de voiliers.
En effet, nous n’avons jamais été aussi proche de l’été prochain qu’aujourd’hui et, lors de cette période estivale, beaucoup parmi nous serons amenés à côtoyer la mer, les bateaux sur l’eau et plus particulièrement les bateaux à voile.
Or il y a sur les voiliers tant de termes techniques spécialisés que le risque est grand pour un visiteur non averti de passer pour un béotien si ce n’est pour un marin d’eau douce.
Je me souviens d’ailleurs que, lisant dans ma jeunesse les aventures du Capitaine Hornblower de C.S. Forester, je survolais de nombreux paragraphes ne comprenant pas un mot des descriptions des Frégates et autres Goélettes.


Alors, en ce jour de Noël où tout est (trop) calme, je vous propose, moussaillon, moussaillonne, de visiter ensemble le pont d’un voilier pour que nous sachions, enfin, nous émerveiller à bon escient devant ces merveilles nautiques.
Aussi, rêvons un peu, et montons à bord de ce magnifique 3 mâts que vous allez acheter louer pour une amusante croisière en mer des Caraïbes.
Là, admirez immédiatement l’accastillage, qui est l’ensemble des équipements placés sur le pont d’un navire et lancez à l’équipage au garde-à-vous : « oh, quel bel accastillage ! ».
Ce premier compliment vous servira de passeport pour monter à bord.
Dirigez-vous du côté des cordages où vous pourrez un peu au hasard vous écriez « oh la belle écoute », « oh la belle cargue », qui est le cordage servant à repousser une voile contre sa vergue, « oh la belle haussière », ce fameux gros cordage qui sert à remorquer ou à amarrer un navire, ou encore « oh la belle drisse », ce cordage qui sert à hisser les voiles.
Dans le même secteur, vous direz tout le bien que vous pensez du cabestan, ce treuil vertical qui sert à remonter l’ancre (bien sûr, si le cabestan est à l’horizontal il s’agit d’un guindeau, ne faites surtout pas l’erreur !), et vous encenserez le chaumard, cette ferrure fixée sur le pont servant de guidage et de renvoi aux amarres.
Attention : la chaîne du mouillage ne passe généralement pas dans un chaumard mais dans un davier ou dans des écubiers.
Avisant ensuite n’importe quelle longue pièce de bois effilée utilisée comme mât, comme vergue ou comme baume, vous vous exclamerez « quel bel espar ! » et si cet espar tend diagonalement une voile aurique vous aurez le choix de hurler indifféremment « oh la belle livarde » ou « oh le beau balestron », car c’est la même chose.
Puisqu’on parle tension, vous complimenterez le propriétaire sur ses bastaques, qui sont des haubans de tension réglables et sur l’ensemble de ses manilles, ces petites pièces métalliques généralement en forme de U fermés par un manillon et servant à réunir de façon souple les cordages, chaînes, poulies et autres galoches, ces dernières étant des poulies dont on a coupé une joue pour des raisons techniques très complexes.
Admirez maintenant les garcettes, ces petits bouts de cordage souple utilisés notamment pour les bandes de ris, puis les cadènes et les ridoirs (ce sont des pièces liées aux haubans).
Déplacez-vous à présent jusqu’au gouvernail, où vous adorerez le safran, qui est la partie immergée du gouvernail, et surtout l’aiguillot et le fémelot, partie respectivement mâle et femelle de la ferrure du gouvernail, formant à elles deux une sorte de gond permettant la rotation du safran par rapport à l’étambot (« qu’il est beau votre étambot ! », splendide allitération).
La visite est presque terminée et vous suscitez l’admiration de tout l’équipage ahuri.
Mentionnez encore la belle jaumière, conduit vertical traversant l’arrière de la coque pour le passage de la mèche du gouvernail, et les beaux dalots, orifices ménagers dans le pavois permettant l’évacuation de l’eau.
Avant de redescendre à quai, célébrez les enfléchures, échelons de cordages tendus entre le pont et la mâture permettant de monter dans le gréement (« quelles charmantes enfléchures ! »), l’admirable organeau (anneau qui relie l’ancre à la chaîne de mouillage), et terminez vers l’avant du navire par le splendide bossoir de capon, pièce de bois en saillie servant à la manœuvre de l’ancre.
En retrouvant le plancher des vaches, nous vous arrêterez devant les bollards, bites (il faut toujours garder le meilleur pour la fin) d’amarrage généralement en métal, munies à leur sommet d’un renflement tourné vers la terre pour empêcher les amarres de décapeler.

Là-dessus, filez au bar du port et commandez un tonnelet de rhum, à boire sans aucune modération.


PS : pour ceux qui en veulent plus, c'est par ici.

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